Explorations
Totale liberté, dans un système limitant.
Cette première expérience de résidence fut, dès le début, révélatrice quant aux inconforts
qui m'habitent en rapport aux dynamiques de pouvoirs et des mécanismes/processus que
j'ai développés pour les éviter/dépasser.
Déjà,
J'avais croisé quelques appels à résidence avant Ecotone
Mais, à chaque fois, ces appels me semblaient exiger beaucoup de l'artiste contre une offre
qui m'apparaissait surtout servir l'entité qui l'a proposait.
Je préférais donc m'arranger par moi-même, sans rendus nécessaires et selon mes propres
limites.
D'ailleurs, mes limites, nous y reviendrons.
je me suis sentie à l'aise de répondre à Ecotone spécifiquement parce que beaucoup des
lourdeurs contraignantes relatives à la soumission avaient été simplifiées.
J’ai apprécié vivre le processus. Recevoir de la validation par des personnes jouissant de
titres reconnus sociétalement comme accordant de la légitimité dans le domaine artistique
était rassurant.
Rapidement, je me suis aperçu qu’une grande latitude retourne une obligation de créer du
sens par soi-même. Montée d’angoisse, puis, autonomisation.
Je suis arrivé sur place bien allumé par cette chance et par l’idée de réaliser ce que je
projetais y faire mais, le soir même, la sécurité à clairement fermé un aspect que
j’ambitionnais explorer..
Par la suite, les contraintes du système de sécurité sont venues appuyer cette irritation du
premier soir et mon regard s’est tranquillement teinté. Je me suis mis à voir l'autorité
oppressante non seulement du système de sécurité mais aussi celle sous-jacente aux
emblèmes religieuses servant et représentant des systèmes de pouvoirs dont l’histoire est
encore lourde d’abus, ici et à travers le monde.
De ce regard, j’ai pu observer poindre en moi une certaine forme de révolte. Dans cette
ambiance, je ne voulais surtout pas faire ce pour quoi j’étais venu. Ce qui était ironique
puisque je m’étais donné ces objectifs moi-même. Ma curiosité éveillée devant ce non-sens
je me suis questionné.
Mes réflexions me révèlent pour l’instant que, dans ce contexte spécifique, la révolte
semblait m’être un mécanisme d'évitement face à l'angoisse, au poids de la réussite, la peur
de ne pas y arriver. Mécanisme certainement propulsé par une propension à interpréter la
réalité de manière victimisante menant à un sentiment d’impuissance, de perte de pouvoir.